AU SERVICE DE LA COUR DE LOUIS XV
De Courtavon à Versailles
Par Jean MARTIN
Louis XV, Roy de France et de Navarre
Nous sommes au mois de septembre 1715, Louis XIV dit le roi soleil vient de mourir après un très long règne de 64 ans. C’est son arrière petit-fils né à Versailles le 15 février 1710, fils du Duc de Bourgogne et de Marie Adélaïde de Savoie qui hérite du trône de France, placé sous la régence du duc Philippe d’Orléans. En 1722 (il n’a pas 13 ans) il est sacré à Reims. Trois ans plus tard, en 1725 il épouse Marie Leczinska (1703-1768), fille du roi de Pologne Stanislas 1°, de qui il a 10 enfants en 12 ans. De nombreuses favorites et maîtresses, dont Madame de Pompadour et Madame du Barry entrent dans la vie tumultueuse du souverain. Ses aventures extraconjugales lui donneront encore plus de 13 enfants adultérins. Le 10 mai 1774, il décède de la petite vérole.
La cour, l’entourage royal, la famille, les courtisans, sont toute une population qui gravite autour du roi. De nombreuses personnes accompagnent ces notables pour toutes les tâches qui leur incombent. Généralement ce sont des gens du peuple ayant acquis la confiance de leurs maitres et entièrement dévoués à leur service.
La famille SCHOULLER à Courtavon
Claude Schouller a vu le jour le 11/12/1669 à Courtavon. Il se marie le 10/11/1693 avec Anne Marie Bourguet. De cette union naissent 7 enfants dont 3 garçons. Le 5/9/1707 son épouse décède âgée de 39 ans. Ensuite il convole en secondes noces le 5/4/1712 avec Catherine Godat qui lui donne encore 6 enfants dont un garçon. Un des garçons reprendra la ferme familiale, et les 3 autres vont devoir gagner leur vie d’une autre façon. Ils quittent leur Sundgau d’origine pour tenter l’aventure « ailleurs » dans des lieux qui leur paraissent plus propices que leur terre natale. Ils ont entendu parler du roi de France, Louis le bien aimé, dont le pays est prospère. On dit même que là-bas à Versailles, il y a du travail pour tout le monde.
Antoine, la première trace à Versailles
Le 26/3/1733 à Versailles, nous trouvons le mariage de l’aîné des 13 enfants de Claude Schouller qui vient de décéder l’année précédente. Antoine Schouller N°1 (1) a déjà 39 ans lorsqu’il convole en justes noces. Monseigneur l'Archevêque a accordé la dispense de deux des trois bans, et la permission de marier dans le temps du carême.
Il a certainement quitté Courtavon depuis longtemps, car il réside dans la paroisse Notre Dame depuis plusieurs années, mais aucune trace de lui ne nous permet d’être plus précis. On peut supposer qu’il est parti seul, car à sa noce on ne trouve aucune trace de membres de sa famille.
Rien que des collègues de travail, amis ou voisins qui vont nous permettre de mieux nous imaginer le contexte dans lequel il évolue. Lui est domestique chez Monsieur de La Peyronie, premier chirurgien du Roy (voir annexe). Son épouse Mathurine Guillen a 32 ans, cela fait plus d’un an qu’elle vit dans cette paroisse et elle est domestique « dans le même endroit », c'est-à-dire également chez Monsieur de La Peyronie.
A la cérémonie on trouve : Pierre Mathieu Villemein, garçon de panneterie (2) chez le Roy, Charles Leconte, chef de cuisine chez Monsieur le Marquis de Tessé (3), François de Seaÿ tailleur d’habits chez Monsieur de la Roche, Louis Michel Leconte domestique chez Monsieur de Lafosse premier chirurgien de la Reine (4).
Dans les temps qui suivent, Antoine baptise ses enfants à l’église Saint Louis de Versailles :
- le 30/3/1733 Antoine Mathieu Schouller, dont le parrain est Pierre Mathieu Villemein, garçon de panneterie chez le Roy (le même qui était déjà témoin au mariage des parents). A noter que cela fait à peine 4 jours que ses parents viennent de se marier, voilà donc pourquoi Monseigneur l’Archevêque avait accordé les dispenses nécessaires pour autoriser le mariage très rapidement.
- le 7/6/1736 Claude François Schouller. Depuis 3 ans le père a déjà eu de la promotion, puisque de domestique il est devenu valet de chambre dans la maison de son patron.
[2] La panneterie était l'un des sept offices de la bouche du roi, chargée du service du pain.
[3] D’une famille noble du Maine, Monsieur de Froulay, Marquis de Tessé était le fils d’un éminent serviteur de Louis XIV: René-Mans de Froulay, qui fut entre autre officier général des armées, général des galères de France, diplomate.
[4] Monsieur de Lafosse fut très longtemps premier chirurgien de la Reine. Il décède le 29/8/1752 âgé de 84 ans des suites d’une indigestion.
Son frère Jean Baptiste
Le 14/01/1749 à la paroisse Notre Dame, soit 16 ans après le mariage de son frère aîné, nous trouvons le mariage du plus jeune des 13 enfants. Jean Baptiste Schouller N°2, à 29 ans et il est petit valet de pied de la Reine (5).
Ses témoins sont Antoine Schouller N°1, (le curé note ici « son neveu » mais en réalité c’est son demi-frère), et Louis François Rabinot cuisinier chez Monsieur de Tessé (comme sur le mariage précédent). Il épouse Marie Catherine Maugé de cette paroisse, assistée de son père et de son frère.
Quatre SCHOULLER sur le même acte
Dix mois plus tard, le 25/11/1749 à Versailles, paroisse Saint Louis, on trouve le mariage de Nicolas Schouller N°3, domestique, de 48 ans, avec Marie Catherine Lageau, 28 ans, de cette paroisse.
Après une 1° publication des bans le 19 octobre, Monseigneur l’archevêque de Paris a accordé une dispense des 2 autres bans, avec la permission de fiancer et marier en même temps.
Trois autres Schouller de Courtavon sont également cités et ont signé (A noter la variation dans l’écriture du nom qui parfois perd le « S » initial pour devenir Chouller).
A) Son frère Antoine Schouller N°1, dont nous venons de voir le mariage (§ 2) et qui maintenant, 16 ans plus tard, a changé d’employeur et de statut. Il est devenu maître d’hôtel de Monsieur de Chicoineau, premier Médecin du Roy (voir annexe).
B) Son frère Jean Baptiste Schouller N°2, dont nous venons de voir le mariage (§ 3) et qui est maintenant devenu domestique chez Madame de Tessé.
C) Son neveu Joseph Schouller N°4, garçon perruquier (6). Celui-ci est donc en apprentissage à Versailles pour y faire ses premières armes. Il doit y avoir du travail dans ce domaine parmi toute cette population de haut rang. Il a 19 ans et cela ne fait pas très longtemps qu’il est à Versailles.
[5] Un valet de pied était un valet qui suivait habituellement son maître quand il allait à pied. Il était aussi chargé de le servir à table, à la différence du valet de chambre qui était chargé du service personnel de son maître, du soin de son linge, de sa toilette, de l'aider à s'habiller.
[6] Le perruquier pouvait se croire, sous Louis XV, d'une importance considérable. C'était son art qui semblait assigner à chaque personnage son rang dans le monde ; on se distinguait les uns des autres par la perruque : noblesse, tiers état, clergé, autant de degrés hiérarchiques de la société, autant de perruques diverses. Là ne se bornaient pas les attributions du perruquier : il était en même temps barbier, baigneur, étuviste. En un mot, il était le factotum de la toilette, le serviteur des grâces et de la beauté, par privilège du roi.
Naissance à Versailles
Le 10/6/1750 est baptisé à Notre Dame de Versailles, Nicolas, né la veille, fils de Jean Baptiste Schouller N°2, domestique et de Marie Maugé. Sa marraine est Mathurine Guillen épouse de Antoine Schouller N°1, oncle de l’enfant.
Un retour en Alsace
Joseph Schouller N°4, ne restera pas en région parisienne. Il y a 12 ans il y apprenait son métier parmi la noblesse du royaume, mais la nostalgie de son Sundgau natal le fait revenir à Courtavon où il s’y marie le 4/5/1761 avec Thérèse Noblat. Il a maintenant 30 ans et y est toujours dit perruquier. Mais il ne vit pas en permanence à Courtavon où il n’y a qu’un de ses enfants qui y naît, Marie le 2/5/1770. Est-ce qu’un perruquier aurait de quoi vivre en exerçant son métier à Courtavon ? Pourrait-il y exercer son art acquis à Versailles à la cour des plus grands ? Evidemment non.
En cherchant, nous allons le retrouver à Colmar, où il pourra s’y faire une clientèle en tant que perruquier (7). C’est donc là qu’il passera sa vie professionnelle, mais l’appel de la terre de ses ancêtres est plus fort et il reviendra plus tard à Courtavon. Son épouse Thérèse Noblat y décède le 18/3/1806. Lui y meurt à 83 ans, le 5/3/1814. Sa fille Marie Anne y décède le 5/9/1843. Sa fille Thérèse s’y marie le 9/7/1812. Sa fille Eléonore y publie les bans de son mariage en Août 1806.
Les enfants de Jean Baptiste se marient à Versailles
29 ans plus tard, on retrouve, aux mariages de ses enfants, Jean Baptiste Schouller N°2, la cinquantaine, qui de domestique, est devenu suisse du Roy à Fontainebleau.
- Le 8/11/1779, à Notre Dame de Versailles, lors du mariage de son fils Nicolas Schouller, lui aussi au service de sa Majesté en tant que garde suisse au château (de Versailles), avec Marguerite Martin aide-épicière.
- Le 15/2/1783 dans la même église, où se marient François Morin et Marie Elisabeth Schouller, sa fille majeure.
[7] « crispator » en latin sur les actes de naissance et décès de ses filles à Colmar.
Plus tard Jean Baptiste bénéficiera d’une pension sur le trésor de la maison du Roy, pour ses services comme « suisse des appartements du château de Fontainebleau » (8). Voilà une belle carrière au service de la famille royale. De petit valet de pied de la Reine jusqu’à la pension royale.
Le cousin Mathieu GODAT palefrenier aux petites écuries du Roy
Jean GODAT dit « la fleur » épouse Jeanne Schouller (9) le 17/8/1719 à Courtavon. Ils donnent naissance, entre 1720 et 1740, à 4 filles et 7 garçons. Les 4 filles vivent toutes à Courtavon jusqu’à leur mort. Mais chez les garçons, il n’en est ainsi que pour l’aîné qui reprendra l’exploitation agricole familiale. Que sont devenus les 6 autres ?
Nous en avons retrouvé un, Mathieu Godat N°5, né le 13/1/1723 à Courtavon qui se marie le 31/1/1757 à Notre Dame de Versailles avec Marie Anne Raure de cette paroisse, ouvrière en linge au pavillon de Monsieur de Lévêque.
Son cousin Antoine Schouller N°1, est témoin à son mariage ainsi que parrain de son premier enfant.
Mathieu, qui a été élevé à la ferme familiale connaît bien les chevaux et c’est donc tout naturellement qu’il va trouver son emploi de palefrenier à la petite écurie du Roy (10).
Il baptise tous ses enfants à Notre Dame de Versailles :
- le 6/05/1759 Godat Antoine Mathieu
- le 24/3/1760 Godat Anne Félicité
- le 28/8/1763 Godat Charles
- le 13/1/1764 Godat Marie Elisabeth
- le 23/8/1765 Godat Joseph François
- le 28/5/1766 Godat Jacques Joacquim
Sur l’un de ces baptêmes, celui de Joseph François, on constate la signature du parrain Joseph Godat oncle de l’enfant. Effectivement un des 6 frères de Mathieu se prénomme Joseph sur les naissances à Courtavon. Mais celui-ci n’y a pas vécu sa vie d’adulte… il a donc, lui aussi quitté son foyer natal et le voici en région parisienne ! Ce Louis qui sera maraîcher, doit bien savoir encore qui était son arrière-grand-père de Courtavon, puisqu’il donnera également à son premier enfant le prénom de Mathieu et qui sera lui aussi, maraîcher à Versailles.
Ce Michel Marie est également maraîcher et sa sœur Marie Pierrette est jardinière.
C’est ainsi que le départ de Mathieu Godat N°5, de Courtavon dans les années 1750, vers les petites écuries du Roy, a donné toute une « dynastie de Godat » maraîchers à Versailles, jusqu’au début du XX° siècle (tous les mariages et baptêmes de la famille sont « parrainés » par de nombreux maraîchers).
Le dernier Mathieu Godat (prénom perpétué de génération en génération), décède le 25/4/1902, âgé de 64 ans. Il devait y avoir, dans les gênes transmis par le premier Mathieu de Courtavon, cet amour du travail de la terre et de ses produits, mis à disposition de la clientèle parisienne.
[8] Archives Nationales, carton O/1/687
[9] Jeanne est une cousine de Claude SCHOULLER, le papa des 3 frères migrants.
[10] La petite écurie du roi, commandée par le premier écuyer est composée des chevaux dont sa majesté se sert le plus ordinairement, y compris les carrosses, les calèches, les chaises à porteurs. La grande écurie commandée par le grand écuyer a particulièrement soin des chevaux de guerre et des chevaux de manège; elle entretient néanmoins nombre de coureurs pour les chasses, que le roi monte quand il le juge à propos.
Les maraîchers à Versailles
L’aîné de ses enfants, Antoine Mathieu (Antoine comme son parrain, Mathieu comme son père) est devenu maraîcher à Versailles. Celui-ci à un fils en 1787 qu’il prénomme à son tour Mathieu et qui plus tard sera jardinier.
La révolution est passée par là et Mathieu Godat N°5, le grand père de Courtavon, n’est plus au service du Roy, mais il est déclaré (sur le mariage de son fils Joseph François le 8/7/1799 à Saint Cyr l’Ecole), cultivateur à Versailles, où il meurt le 5/5/1807, âgé de 84 ans, titulaire d’une pension. Mais comme il a passé sa vie active en tant que suisse au service du Roy, il a dû former et éduquer ses enfants et petits-enfants en leur inculquant la ligne « politique » en laquelle il croyait. C’est sûr, ils seront royalistes. Sinon pourquoi le petit-fils aurait-il prénommé les 2 premiers de ses 11 enfants Marie Antoinette et Louis ?
Ce petit fils Mathieu va bientôt terminer son service militaire comme sergent fourrier au 1° bataillon de la colonne mobile du département de Seine et Oise, lorsqu’il baptise à Versailles le premier de ses 11 enfants :
- le 01/09/1809 Godat Marie Antoinette
- le 15/10/1810 Godat Louis
- le 05/04/1812 Godat Michel Marie
- le 29/07/1814 Godat Antoine Mathieu
- le 07/09/1815 Godat Marie Pierrette
- le 16/09/1816 Godat Thérèse Suzanne
- le 21/12/1817 Godat Henriette Marie
- le 01/04/1819 Godat Françoise Caroline
- le 19/07/1822 Godat Jean Pierre
- le 18/08/1823 Godat Louis Augustin
- le 24/09/1824 Godat Louis Antoine
Une autre famille de Courtavon
Trois autres personnes nées à Courtavon, de la famille Wattré, ont laissé des traces à Versailles. Aucun lien de parenté avec les individus décrits ci-dessus n’a été trouvé, mais dans un petit village de près de 400 habitants à l’époque, le bouche à oreilles a dû fonctionner, alimenté par le courrier, et qui sait peut être même de temps en temps, par un retour aux sources. Et du coup, on les retrouve également dans l’entourage de la noblesse de Versailles.
Le 2/1/1770 est célébré le mariage à Notre Dame de Versailles, de Marie Joseph Bardau, caporal invalide dans le détachement de Montreuil avec Marie Elisabeth Wattré, cuisinière (née le 4/12/1721 à Courtavon), fille de Jean Wattré et Jeanne Hélène Hubler. Dans son jeune âge la mariée a connu Jean Baptiste Schouller N°2, puisqu’elle n’a qu’un an de moins que lui, et ils ont dû jouer ensemble dans les rues du village ou sur la place de l’église.
Le 12/1/1773 a lieu le mariage à Notre Dame de Versailles, de Jean Baptiste Wattré, frère de la précédente, domestique, (né le 23/7/1737 à Courtavon), fils majeur de feu Jean Wattré et Jeanne Hélène Hubler, avec Julie Thérèse Vigneron. Les témoins sont Jacques Lambolet domestique de Monsieur Vendier, et Augustin Dubois, écuyer de la bouche du Roy (11)
Le 4/10/1791 mariage à Notre Dame de Versailles de Jacques Michel menuisier d’Arpajon avec Anne Marie Wattré originaire de Courtavon fille de feu François Wattré bourgeois de Courtavon et Anne Marie Mauge. Parmi les témoins : Jean Wattré bourgeois de Versailles oncle de l’épouse, Thomas d’Aquin Genard valet de chambre.
Carte de sureté de Jean Baptiste Godat
Une carte de sureté (13) pour Jean Baptiste Godat est établie le 9/4/1793. Elle porte le N° 2843 (12). Il y est dit avoir 30 ans, être employé aux farines, demeurer rue Couture Sainte Catherine, auparavant au 131 de la rue poissonnière. Il est arrivé à Paris depuis 1783 et son lieu de naissance est Courtavon du Haut-Rhin (Aus Rin sur la carte). Malgré ces relatives précisions, on ne trouve pas de naissance de Jean Baptiste Godat dans les registres paroissiaux de Courtavon. Tout au plus y voit-on celle d’un Jean fils de Jean Godat et Elisabeth Babé le 21/3/1762, qui n’a laissé aucune trace dans son village natal. Est-ce celui-ci ?
[11] Les 7 offices de la bouche du Roy avaient une structure hiérarchique de type militaire
[12] Les cartes de sûreté, instaurées le 12/3/1793 sous le régime de la Terreur, étaient avant l'heure, des cartes d'identité permettant aux habitants de Paris (homme de plus de 15 ans) de circuler librement. Chaque citoyen devait se présenter accompagné de deux témoins à son Comité de surveillance. Celui-ci, après enquête, établissait le document en y mentionnant l'âge, la profession, l'adresse et le lieu dont est originaire le citoyen.
[13] Archives Nationales, carton F7 / 4793
Conclusion
Quelles sont les raisons de tous ces départs ? Comment sont-ils partis ?
On ne le saura sans doute jamais, mais on peut supposer que Antoine Schouller N°1, parti dans les années 1730, qui a rejoint en premier la région parisienne, lui le plus âgé qui a gravi un certain nombre d’échelons dans la hiérarchie du personnel de service dans les familles nobles, y est certainement pour quelque chose. Avec ses deux frères et son neveu, ils en ont parlé ensemble, ils se sont écrit, ils se sont motivés mutuellement, ils se sont aidés, ils sont restés en contact sur place. Et puis les nouvelles ont fait le tour du village. Les soirs à la veillée, le dimanche à la sortie de l’église, ou même dans les champs, les habitants partageaient, communiquaient, parlaient entre eux. Ces jeunes gens « émigrés » étaient dans le cœur de ceux qui sont restés.
Annexes :
Monsieur de La Peyronie premier chirurgien du Roy
François Gigot de La Peyronie, né à Montpellier le 15 janvier 1678 et mort à Versailles le 25 avril 1747, est un chirurgien français. Son père, originaire de Guyenne, qui avait été reçu barbier à Montpellier, veut faire de son fils un médecin, mais le jeune François préfère opter pour la chirurgie.
Le 17 février 1695, à l'âge de 17 ans, il obtient son diplôme de « maistre-chirurgien » et barbier de Montpellier. Souhaitant compléter son instruction, il se rend à Paris, où il se retrouve pensionnaire de François-Georges Maréchal, chirurgien major de la Charité avant de devenir, plus tard, premier chirurgien du roi.
À la mort de Maréchal en 1736, La Peyronie devient le premier chirurgien et confident du roi Louis XV, et chef de la chirurgie du Royaume. Le grade de docteur en médecine qu'il a obtenu à Reims lui permet en outre de faire partie du service médical de quartier. En 1738, une intervention sur la mâchoire inférieure du dauphin lui procure une nouvelle pension. Il est sans doute à l'origine de l'ordonnance royale du 23 avril 1743, qui scella définitivement la séparation entre chirurgiens et barbiers.
Il a décrit la maladie de La Peyronie, ou induration plastique des corps caverneux, en 1743. Peu fréquente, elle se caractérise par l'apparition d'une ou plusieurs plaques fibreuses au niveau de l'enveloppe des corps caverneux de la verge : l'albuginée. Souvent responsable de douleurs et d'une courbure de la verge en érection, cette maladie retentit sur la fonction sexuelle avec un impact psychologique non négligeable.
Monsieur de Chicoineau, premier médecin du Roy
François Chicoineau est né en 1672 à Montpellier d’un père professeur d’anatomie et de biologie. Il est docteur à 25 ans.
En 1720 il se met à la tête des médecins envoyés par le Duc d’Orléans au secours de la ville de Marseille qui a perdu 1/3 de sa population, affligée par la peste et où l’on compte jusqu’à 1000 morts par jour.
En 1731 il est appelé à la Cour pour être Médecin des Enfants de France. Puis à la mort de son second beau-père, Mr. Pierre Chirac en 1732, il lui succède comme Premier Médecin du Roy. « Plein d’affabilité, de modestie et de désintéressement, ses soins pour la santé précieuse du Roy ne se démentirent jamais. On l’a vu courbé sous le poids des années, suivre le monarque dans ses voyages et même dans ses campagnes. Après avoir vécu jusqu’à l’âge de 80 ans, toujours occupé de sa profession, il mourut le 13/4/1752, regretté de son maître et de ceux qui le connaissaient ». Parmi eux, son maître d’hôtel Antoine SCHOULLER N°1, de Courtavon.
Sources :
-Microfilms des registres paroissiaux des archives départementales des Yvelines
-Microfilms des registres paroissiaux des archives départementales du Haut-Rhin
-Revue de la Bibliothèque des Sciences et des Arts juillet/août : septembre 1756 tome 6
-Mémoires du duc de Luynes sur la cour de Louis XV